Le 2 novembre dernier, concernant la fraude dans les transports, je demandais à Florent Montillot de bien vouloir répondre à la question "Quel est le nombre de fraudeurs ? Comment le calcule-t-on ? Fait-on des sondages ?" Je m'étonnais, en effet du taux de fraude annoncé par l'élu : 9% maintenant, contre 20% en 2001, alors que les chiffres en ma possession donnait un taux de 2,10% soit 4 à 10 fois moins !
L'adjoint au maire d'Orléans a eu l'amabilité de me répondre par courriel. Voici "in extenso" le contenu de sa réponse :
Réponse à Monsieur Christophe Desportes-Guilloux à sa question « Fraude dans les transports : quels sont les vrais chiffres ? »
Suite à l’inauguration des locaux de la police intercommunale des transports au 5 rue des Sansonnières, Monsieur Desportes-Guilloux, Orléanais d’adoption et militant socialiste s’inquiète de savoir comment se calcule le nombre de fraudeurs dans les transports en commun.
Aussi, ai-je le plaisir de lui adresser ci-dessous la méthodologie :
1 – le calcul de la fraude est fait sur un échantillon représentatif de 4000 enquêtes au minimum (5000 en 2005)
2 – la répartition de l’échantillon entre les lignes bus est proportionnel à leur poids avec un minimum de 30 mesures par ligne
3 – le taux est calculé du lundi au vendredi
4 – l’enquête annuelle est toujours effectuée au cours de la même période (fin novembre / début décembre)
Sont considérées comme situations irrégulières :
- le refus de montrer son titre de transport
- l’abonnement en cours de validité mais non validé
Sont considérées comme fraudes :
- l’oubli de validation en correspondance
- l’absence du titre de transport
Les résultats ainsi obtenus sont à considérer avec un écart type de 1,5 points (risque d’erreur).
Cette méthode permet de mesurer un taux de fraude/irrégularité qui est supérieur au poids de la verbalisation qui ne concerne que la fraude caractérisée (aucun titre de transport).
A titre commercial, aucune verbalisation n’est effectuée le jour de renouvellement de la carte d’un usager, dès lors qu’il effectue son renouvellement immédiatement après le contrôle. Aucune verbalisation n’est suivie d’effet à l’encontre des enfants ayant oublié leur carte, contrairement à une campagne médiatique savamment orchestrée en septembre 2006.
Ainsi notre « blogueur » pourra constater que lorsque je communique les chiffres de 9% de fraude très nettement en baisse par rapport à 2001 où il s’élevait à plus de 20% (selon la même méthodologie), la fraude réellement verbalisée pour absence de titre de transport est inférieure (2 à 3%). Les lecteurs pourront ainsi constater que contrairement à ce qu’affirme régulièrement les responsables du Parti Socialisme, à chaque fois que je communique des statistiques de délinquance ou de fraude en baisse, je n’ai pas tendance à sous évaluer ces chiffres, bien au contraire !!!
Florent Montillot
Première information importante: la fraude est estimée ! Il ne s'agit donc pas des résultats de la fraude réellement constatée, mais bien d'un sondage ! La question posée par www.monorleans.com a donc tout son intérêt.
Voyons maintenant, dans le détail, comment ce sondage est réalisé :
- Il est réalisé sur un échantillon de 4000 à 5000 enquêtes (il faut comprendre 4000 à 5000 personnes). C'est à dire que l'échantillon que l'on dit "représentatif" représente moins de 0,3% des personnes transportées.
- Sur certaines lignes de bus, il n'est fait de sondage que sur 30 personnes !
- On ne mesure pas la fraude durant le week-end !
- On ne mesure pas la fraude toute l'année mais sur une très courte période !
Comment, avec une telle méthode, obtenir des chiffres fiables, reflétant réellement la fraude dans les transports ?
La seule certitude que l'on a, c'est que la méthode est la même depuis que Florent Montillot est aux commandes... encore heureux !
Voyons aussi les commentaires de l'adjoint à la sécurité :
"Cette méthode permet de mesurer un taux de fraude/irrégularité qui est supérieur au poids de la verbalisation qui ne concerne que la fraude caractérisée (aucun titre de transport)".
Cette phrase laisse penser que ne sont verbalisées que les personnes qui n'ont aucun titre de transport, c'est à dire que les personnes qui refusent de montrer leur titre, dont l'abonnement n'a pas été validé, ou qui n'ont pas validé leur titre en correspondance ne sont pas verbalisées.
C'est FAUX !
En octobre 2005, sur 1549 contraventions, 975 l'ont été pour "fraude manifeste" et 549 pour "Infractions tarifaires". 25 ont même été dressées pour "Non respect du règlement"
En juillet 2006, sur 1241 contraventions, 884 l'ont été pour "fraude manifeste", 344 "pour "infractions tarifaires" et 13 pour non respect du règlement.
Quant aux "indulgences", aucune n'a été octroyée en octobre 2005, et 20 en juillet 2006.
L'argumentaire "gentillet" de Florent Montillot ne tient donc pas la route, et ne permet que de conclure que le sondage annuel ne correspond en rien à la réalité de la fraude ! Et que l'adjoint ne peut donc en tirer aucune conclusion !
La réalité est que la courbe du nombre de procès verbaux dressés dans les transports en commun à Orléans est la suivante :
En effet, le nombre de PV est passé de 5229 en 2001 à 17542 en 2006.
Comment l'adjoint à la sécurité explique-t-il que malgré le triplement du nombre des PV, il puisse annoncer que la fraude a été divisée par 2 ?
- Explique-t-il cela par la hausse du nombre de voyageurs sur le réseau ? Mais dans quelle mesure ?
- Explique-t-il cela par une meilleure efficacité des controles ? Par quels moyens ?
- Explique-t-il cela par l'action de la police municipale intercommunale des transports ?
Encore des questions pour lesquelles, www.monorleans.com attend des réponses car pour le moment, la seule certitude que l'on a est celle-ci : les chiffres annoncés comme étant ceux de la fraude ne sont pas ceux de la fraude !
Quant à la dernière phrase :
"à chaque fois que je communique des statistiques de délinquance ou de fraude en baisse, je n'ai pas tendance à sous évaluer ces, bien au contraire !!!"
je laisse chacun la savourer !
Florent Montillot n'a pas tendance à sous évaluer, bien au contraire... tout un programme !
photo CDG