Quand la Croix-Rouge fut créée, elle revendiquait une totale neutralité. Le contexte et ses missions d'alors s'y prêtaient, et c'était sans doute le seul moyen pour elle de tout mettre en oeuvre pour atteindre le but fixé : venir en aide aux prisonniers et aux blessés des guerres entre deux pays, sans prendre partie pour l'un ou l'autre des deux belligérants.
Depuis quelques mois, c'est la Croix-Rouge qui est autorisée par la Préfecture à servir de "boite postale" aux étrangers qui n'ont pas d'adresse stable. On se souvient que ce service était autrefois assuré par l'ASTI. La création de nouvelles règles, et d'un agrément refusé à l'ASTI transféra ce service à la Croix-Rouge, sans doute censée plus à même d'assurer ce service de "domiciliation".
C'est donc dans cette baraque de chantier, située à proximité de la station de tram "Coligny" que les étrangers peuvent venir chercher leur courrier. Mais voila, ils n'auront désormais plus accès à ce service que deux matinées par semaine. Essayant d'en savoir plus auprès des personnes présentes dans le bungalow, je me suis vu répondre "c'est un problème préfectoral" et "c'est trop compliqué pour vous l'expliquer". Tout cela pour ne pas dire que les moyens ne sont plus au rendez-vous.
C'est sans doute une expression du souci de neutralité de la Croix-Rouge. Mais cette organisation devrait se souvenir qu'elle n'est pas en situation de conflit ou de guerre : il n'y a pas, que je sache, d'un côté la Préfecture et de l'autre les étrangers. Ou alors, beaucoup de difficultés s'expliquent, et dans ce cas, il serait bon de rappeler que le principe de neutralité, si souvent invoqué, s'accompagne de l'obligation d'impartialité. Un principe dont il faudra, pour le moins, réétudier le sens.
Inutile de rappeler, évidemment, que du temps de l'ASTI, le service de domiciliation fonctionnait.
photo CDG